Merci, Père Antonio!

mars 21, 2024

Ce matin à 7h45, le Père Antonio Maria Santoro nous a quittés. Il était hospitalisé depuis quelques jours dans une centre de soins palliatifs à Foggia, non loin de son village natal. Sa dernière charge a été celle de Recteur du sanctuaire Notre-Dame des Anges à Pignans pendant plus de 22 ans. Figure historique et éminente de l’Institut des Frères Franciscains de l’Immaculée, on peut le considérer à bon droit comme le père de la « Maison Mariale Éditrice » (notre toute première maison d’édition en Italie), et le fondateur de la mission au Bénin.

Le Père Antonio Maria Santoro, frère franciscain de l’Immaculée, est entré dans sa Pâque définitive ce matin 20 mars 2024, au lendemain de la solennité de saint Joseph pour qui il avait une grande dévotion, et le premier jour du printemps cette année, avec ses premières chaleurs et ses fleurs. Né de Joseph Santoro et Agnès Loreto le 25 septembre 1953 à Sant’Agata di Puglia dans la région de Foggia, le Père Antonio a su semer généreusement les graines du Royaume de Dieu dans les cœurs de ceux et celles qu’il rencontrait sur son chemin.


Aîné de six enfants, dont l’un consacré chez les Sœurs Franciscaines Immaculatines, il aimait se décrire comme un « paysan aux chaussures grossières et à l’esprit aiguisé ». De la culture agricole du « Tavoliere » des Pouilles, en effet, il n’avait pas seulement puisé la force physique et la générosité dans le travail, mais il possédait également une ingéniosité qui l’a distingué comme un technicien exceptionnel dans la première phase de son parcours original et riche au service du vignoble du Seigneur.


Il entre en 1972 à la Maison Mère de Frigento pour y rester de manière permanente jusqu’en 1990, devenant ainsi une figure emblématique du tout jeune Institut initié en 1970. On peut le considérer comme le père de l’imprimerie des frères et de la « Maison Mariale Éditrice » (selon le nom italien), pour la créativité et l’engagement qu’il a déployés dans l’organisation de l’imprimerie, de la reliure et de l’expédition des livres et de revues, ainsi que pour la confection de très nombreuses médailles miraculeuses.


C’est à lui, avec l’aide de quelques maçons et manœuvres, que l’on doit la construction de la nouvelle aile du couvent de Frigento dans les années 80, après le grand séisme de l’Irpinia. Son apport technique a été remarquable pour la mise en place du pylône et de la station de Télé Radio Bon Conseil à Montevergine (à 1500 m d’altitude) ainsi que pour d’autres ponts radio disséminés le long de la zone de couverture interrégionale de notre émetteur.

Maçon, charpentier, plombier, mécanicien, électricien, camionneur, cariste… il était un homme aux mains d’or qui deviendront plus tard les mains de la bénédiction et de l’épiclèse sacerdotale.
Il prononce ses vœux perpétuels le 25 mars 1981, puis intègre en 1972 la communauté fondatrice primordiale des Frères Franciscains de l’Immaculée, venant, comme lui, des Frères Mineurs Conventuels.
Lors de première année de fondation de l’Institut (1990), il réorganise à Rome, dans le palais de la « Propagande Fide », la revue missionnaire « Christ to the world ».


Au cours de ce même été 1990, il accompagne dans un voyage missionnaire au Bénin un prêtre camélien, son ami. Fasciné par ce pays et sensible aux besoins techniques de l’hôpital de Zinvié, dans la région lacustre du pays, il demande et obtient l’autorisation de ses supérieurs pour faire une expérience missionnaire plus stable, et désigne à ses supérieurs le frère Giovanni M. Arena qui deviendra par la suite son premier compagnon de mission.


Le 8 décembre 1991, il est ordonné diacre dans la cathédrale de Bénévent par Mgr Carlo Minchiatti, qui avait érigé canoniquement quelques jours auparavant notre institut naissant de vie consacrée.
Le 13 décembre, il part officiellement pour le Bénin et inaugure une nouvelle page de sa vie personnelle et de celle des Franciscains de l’Immaculée. Après un séjour de près de deux ans chez les Pères Caméliens, l’archevêque de Cotonou de l’époque, Mgr Isidore de Souza, confie aux confrères la réalisation difficile du sanctuaire marial diocésain et de la radio catholique dans la ville d’Allada.


Le Père Antonio réussit à transformer un poulailler industriel en un logement décent pour les frères et pose les bases de l’actuel bâtiment de la radio. En décembre 1995, le Père Antonio retourne en Italie, remplacé par le premier prêtre de la mission du Bénin, le Père Alfonso M. Bruno, qui continue et achève son œuvre.


Les surprises ne s’arrêtent pas là, on le destine bientôt au sanctuaire de la Vierge des Douleurs de Castelpetroso en Italie (IS). Un jour, en arrangeant le voile de la statue de la Vierge sur l’autel principal, il fait une chute d’environ six metres sous les yeux du recteur de l’époque et de son compagnon de noviciat, le Père Michele M. Iorio, qui a Frigento avait été son bras droit pendant de nombreuses années. Après s’être fracturé le pied, on craint, heureusement en vain, que sa capacité opérationnelle ne soit limitée.
Dans le domaine de la vie et de la Providence de Dieu les chemins du Seigneur étant impénétrables, en dépit de sa forte propension au travail pratique, s’ouvrent pour le Père Antonio les nouveaux horizons de la vie sacerdotale. Il est ordonné prêtre le 8 décembre 2000.


À partir de 2001, connaissant par son expérience africaine la langue française, le Père Antonio est transféré à la Maison Mariale N.D. des Anges de Pignans en France, où il passera près de vingt-trois ans en tant que recteur du sanctuaire attenant. D’un lieu sacré semi-abandonné, avec une certaine vitalité liturgique essentiellement en été, le Père Antonio parvient à réveiller pastoralement le sanctuaire grâce à l’Eucharistie quotidienne et les dévotions mariales, la création d’un cercle dynamique MIM, l’organisation régulière de pèlerinages à Fatima, l’accueil des pèlerins, la formation des laïcs, l’écoute des confessions et la direction spirituelle, la diffusion d’une revue mensuelle autoproduite, l’impression d’un calendrier, l’aide aux curés des alentours dans leur ministère et le soutien matériel aux missions.


Le père Antonio, en tant que fils de la première heure de la Maison Mariale de Frigento et des Frères Franciscains de l’Immaculée, a su interpréter authentiquement le charisme de saint Maximilien Marie Kolbe et en saisir rapidement les adultérations avec le temps. Avec d’autres confrères du même âge, il eut le mérite de faire appel au discernement de l’Église pour tanter de résoudre ces problèmes institutionnels, laquelle, décida de nommer un commissaire pour diriger temporairement les Frères Franciscains de L’Immaculée. Le père Antonio souffrit pour la vie de l’Institut, offrant et finalement transfigurant sur lui-même la purification progressive institutionnelle résolue avec le nouveau gouvernement de 2022.


Un an et demi auparavant, le 12 janvier 2021, le Père Antonio ressent des vertiges et des maux de tête préoccupants. Transporté d’urgence à l’hôpital, grâce à frère Pascal Maria Mauvoisin et au père Cyrille Maria de la Riarte, membres de la communauté de Pignans, on lui diagnostique après quelques jours un cancer du rein métastasé. Opéré par des médecins compétents à Toulon, qui parviennent à enlever la masse tumorale sans compromettre les fonctions sensorielles importantes, le confrère reprend sa vie avec une certaine normalité.
Au second semestre de l’année 2023, la multiplication des métastases et leur progression au niveau osseux et abdominal le conduisent à être hospitalisé à l’hospice du « Sacré-Cœur » dans son village natal, où sa sœur Agata, en particulier, le prend en charge avec le personnel médical et paramédical de la structure tenue par une congrégation de religieuses.
À l’occasion de la fête de la Sainte Patronne du village, le 5 février 2024, il reçoit la visite de l’archevêque de Foggia-Bovino, Mgr Giorgio Ferretti. L’aggravation de l’état de santé du Père Antonio nécessite son transfert dans un centre de soins palliatifs mieux équipé à Foggia, où il s’éteint quelques jours plus tard, précisément le 20 mars 2024 à 7h45.

Saint Maximilien Marie Kolbe disait que la vie de l’homme se résume en trois étapes : la préparation au travail, le travail lui-même et la souffrance. Le Père Antonio Maria Santoro, au cours de ses soixante-dix ans de vie, a bien connu ces trois dimensions existentielles.
Aux confrères qui lui rendaient visite lors de la phase la plus aiguë de sa maladie, il su donner une grande leçon de vie par l’acceptation sereine de la croix. A l’approche du Vendredi Saint, peu de temps après ses funérailles, il continue à nous enseigner que la vie du chrétien et du consacré ne s’arrête pas à ce pauvre jour terrestre, mais qu’elle se projette vers le dimanche de Pâques grâce à l’Esperance théologale de rencontrer Celui que chaque âme cherche et d’être reconnus comme de bons et fidèles serviteurs affranchis dans la liberté des Enfants de Dieu.


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